L’équipe d’ARTE Reportage s’est rendue en Ukraine à l’occasion de la deuxième année de guerre contre la Russie.
Depuis la place Maïdan, à Kiev, William Irigoyen s’entretient avec l’écrivain Andreï Kourkov ainsi qu’avec une des femmes qui réclament le retour du front de leurs maris et enfants. Deux reportages sont au programme. Le premier sur le choix auquel sont confrontés les Ukrainiens entre se battre pour son pays ou déserter pour préserver sa vie. Le second sur un service postal privé qui brave les dangers pour relier les soldats du front à leurs familles.
Ukraine : les blessures invisibles
Après deux ans de conflit, les pertes au sein de l’armée ukrainienne sont estimées entre 70 000 et 100 000 soldats. Face à la Russie, un pays quatre fois plus peuplé, ces chiffres sont remis en question par les alliés de l’Ukraine, tandis que des voix dissidentes s’élèvent au sein même du pays. Confrontée à un manque de soldats sur le front, l’Ukraine cherche à élargir sa mobilisation. Quatre-vingt pour cent de la population a vu un proche blessé ou tué et près de douze millions d’Ukrainiens sont désormais victimes de traumatismes liés à la guerre. Une grande partie des Ukrainiens sont déchirés entre leur devoir militaire et leur conscience. L’acharnement russe sur les lignes de front et l’évolution du conflit ont contraint le gouvernement à proposer une loi pour recruter des forces vives, de nouveaux soldats assignés à relever des troupes épuisées. Une mobilisation de près de 500 000 hommes pour organiser les rotations, maintenir les tranchées à l’Est et lancer de nouvelles offensives destinées à repousser les attaques russes. Une décision gouvernementale impopulaire qui laisse de nombreux individus partagés entre leur devoir patriotique et la crainte de mourir dans un affrontement sanglant.
Agée de 38 ans, Hannah dirigeait autrefois l’un des plus grands clubs électro de Kiev. Après un entraînement rigoureux de plusieurs mois, elle s’est engagée dans l’armée et a servi trois mois au plus près des combats en tant que médecin militaire. Bien que revenue indemne, elle porte en elle des cicatrices invisibles, témoins des traumatismes vécus.
Dima, lui, a choisi de fuir la mobilisation. Refusant de prendre part au conflit, il a pourtant risqué sa vie en empruntant des passages clandestins, aussi périlleux qu’imprévisibles, dans les Carpates, entre l’Ukraine et la Roumanie. Ces points de passage sont devenus des refuges pour les déserteurs cherchant à échapper aux horreurs de la guerre et à la conscription forcée.
Ukraine : « Nova Poshta », la poste sur le front
En quelques années, la première poste privée d’Ukraine, « Nova Poshta », s’est taillée la part du lion pour pallier l’absence des services publics. Depuis le début de l’invasion russe, Nova Poshta se fait fort de maintenir un service à travers tout le pays, s’engouffrant derrière les chars au plus près des lignes de front. Un véritable « cordon ombilical » qui relie les soldats au combat et leurs familles par la distribution de colis. Deux ans après le début de la guerre, ce reportage témoigne de l’importance cruciale de Nova Poshta pour la cohésion et la résistance de l’Ukraine toute entière. Cette poste privée digitalisée, d’une simplicité absolue, permet d’acheminer des colis et des courriers à travers tout le pays avec une efficacité et une qualité de service. Ce n’est pas un hasard si, le 21 octobre 2023, un missile russe est tombé sur un entrepôt dans le village de Korotych, près de Kharkiv, faisant huit morts parmi les employés. Considérée comme une institution en Ukraine, Nova Poshta est devenue un symbole patriotique, et ses employés, des héros.
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