Yolande Moreau a passé une dizaine de jours dans les jungles de Calais et de Grande-Synthe en janvier 2016.
Après la fermeture en 2002 du camp de Sangatte dans lequel près de 70 000 personnes ont transité en trois ans, les réfugiés se sont installés dans différents squats du centreville. En mars 2015, la municipalité les a expulsés, leur proposant un terrain vague dans la périphérie de la ville. Une nouvelle « jungle » était née. Au moment de notre venue, environ 5 000 réfugiés y vivaient, auxquelles s’ajoutaient 1 200 personnes hébergées dans le centre d’accueil provisoire réservé aux femmes et enfants.
À une trentaine de kilomètres du camp principal de Calais, les migrants investissent un terrain vague sur la commune de Grande-Synthe. Depuis septembre 2015, le maire réclame une intervention des pouvoirs publics pour accueillir ces réfugiés dans de meilleures conditions mais l’État ne veut pas créer un nouveau camp de peur d’attirer plus de monde. La préfecture a autorisé le déplacement des tentes en terrain non inondable mais refuse les installations en dur.
Hommes, femmes et enfants attendent, dans des campements de fortune, sur des terrains abandonnés et dans des conditions insalubres, de pouvoir rejoindre la Grande-Bretagne, prêts à risquer leur vie pour traverser la Manche. Ils pensent y trouver plus facilement du travail ou souhaitent simplement rejoindre leur famille. Alors que les tensions avec la population locale se multiplient, l’État français peine à trouver une solution.
La « jungle » a été officiellement démantelée par la police en septembre 2016. Mais dès le mois de décembre, les associations estiment que plusieurs dizaines de réfugiés sont à nouveau présents : un camp fantôme réapparaît.
2016 © ARTE Réfugiés