Elle n’y est pas retournée depuis avril 2012, à Goundam, sa ville, celle dont elle est maire depuis 9 ans. Oumou Sall Seck a fui juste avant l’arrivée des islamistes. C’était une question de vie ou de mort.
Goundam, près de Tombouctou, a été occupée par plusieurs groupes, qui ont imposé la charia, fait régner la terreur et pillé tous les bâtiments publics. L’intervention militaire française du printemps a fait reculer les islamistes mais le Nord Mali est toujours instable. Difficile dans ces conditions d’organiser l’élection présidentielle prévue le 28 juillet.
Depuis début mai, Goundam est sous la protection d’un contingent militaire burkinabé de la force africaine et de gendarmes maliens. Oumou Sall Seck a donc décidé de retourner dans sa ville, plus d’un an après son départ. L’équipe d’Arte Reportage l’a suivie, 8 ans après un premier tournage à Goundam. A l’époque, son élection à la Mairie avait créé la surprise : une femme maire dans cette région conservatrice du Nord-Mali, une exception.
En 2009, elle avait décroché un second mandat et fait de sa commune un exemple dans la région : éducation, santé, développement économique, éclairage public, droit des femmes, formation, reconversion des exciseuses… Oumou Sall Seck s’est battue pour trouver des partenaires et faire financer de nombreux projets. Elle parlait de «dynamique de développement». Mais les islamistes ont tout détruit, tout pillé. «Tout est à refaire» dit-elle. Pendant son exil forcé, elle a multiplié les prises de parole contre les occupants, contre leur idéologie et plaidé pour une intervention militaire.
Notre équipe l’a accompagnée, tout au long de son périple, par la route, de Bamako à Goundam, en passant par Tombouctou. Après 14 mois d’absence, Madame le Maire a été accueillie sous les vivats de la population. Pendant deux jours, elle a fait le tour de la ville pour rencontrer ses administrés, constater les dégâts causés par les pillages, relancer les activités de la mairie, établir la liste des priorités. Une visite émouvante et porteuse d’espoir pour toute cette région du Nord-Mali.
2013 © Nathalie GEORGES | ARTE